« On n’a jamais vu ça. » Quand l'encouragement est mal perçu

Quand encourager son enfant devient une rébellion face à l’enseignement
Crédits image : freepik
L’éducation de nos enfants est un pilier fondamental de leur développement, mais que faire lorsque le système d’enseignement semble parfois rigide, sourd à leurs besoins spécifiques, et peu valorisant ?

Voici une expérience personnelle qui, au-delà de l’anecdote, pose des questions essentielles sur la collaboration entre parents et enseignants.

L'histoire : un cahier, deux lettres et une initiative parentale

Mon fils, élève en primaire et enfant précoce, avait un cahier scolaire révélateur. Ses efforts y étaient souvent réduits à une simple annotation : « TB » ou parfois rien du tout. Pas de commentaires pour souligner son travail, pas de mots pour nourrir sa fierté ou encourager son élan.

Un jour, pourtant, il avait pris le temps de soigner la présentation d’un exercice, soulignant même le titre de son propre chef. L’initiative, bien que non demandée par l’enseignante, aurait mérité un mot d’encouragement. Au lieu de cela, il reçut une remarque cinglante, rédigée en rouge, tellement appuyée qu’elle marquait les pages suivantes.

Face à cette injustice, j’ai décidé de réagir. Sur les pages suivantes du cahier, là où mon fils avait travaillé sans faute, j’ai pris soin d’écrire moi-même des remarques positives, soulignant ses réussites, ses efforts et sa créativité. Une simple action, motivée par l’envie de combler un vide dans l’enseignement.

La réponse institutionnelle : « On n’a jamais vu ça. »

Ce geste n’a pas été sans conséquences. Quelques jours plus tard, je me suis retrouvé convoqué par le recteur de l’académie. Ce qui m’a interpelé, c’est que l’institutrice n’a jamais pris le temps de me contacter directement. Plutôt que de discuter de ma démarche ou d’exprimer ses réserves, elle en a référé immédiatement au recteur.

Pire encore, le recteur, au lieu de m’appeler pour échanger sereinement, m’a fait venir en personne, comme si mon geste relevait d’une faute grave. Sa première remarque, presque désapprobatrice, fut : « On n’a jamais vu ça. »

Ma réponse fut spontanée : « On n’a jamais vu l’équipe de France de football gagner la Coupe du Monde avant 1998., comme quoi, tout arrive ! »

Je poursuivis avec une question simple mais essentielle : « Encourager son fils n’est-il pas dans son intérêt ? Pourquoi l’institutrice aurait-elle l’exclusivité de la reconnaissance, surtout si elle la réduit à deux lettres ? »

Le recteur, visiblement décontenancé, m’a conseillé de « mettre de l’eau dans mon vin ». Mais je lui ai répondu avec détermination : « J’aurai toujours des mots pour reconnaître ce que mon fils fait de bien. »

Les mots : moteurs ou freins pour les enfants ?

Les mots, qu’ils soient écrits ou prononcés, jouent un rôle fondamental dans la construction de l’estime de soi des enfants. Un commentaire positif peut transformer un effort en victoire personnelle ; à l’inverse, une remarque sèche ou l’absence de retour peut inhiber leur motivation.

Pour un enfant précoce, souvent en quête de sens, le besoin de reconnaissance est encore plus grand. Un « TB » dépourvu de contexte ou de chaleur humaine ne suffit pas. Ils ont besoin de se sentir compris, valorisés dans leur singularité, pour continuer à s’investir pleinement.

Un système d’enseignement parfois rigide

Cette expérience révèle aussi les limites d’un système d’enseignement souvent figé dans ses habitudes. Certains enseignants, par manque de temps ou de formation, privilégient une approche minimaliste et standardisée, sans toujours considérer les besoins évidemment essentiels des élèves.

Mais ce qui est plus problématique encore, c’est l’idée que les parents n’auraient pas leur place dans l’enseignement scolaire. En écrivant dans le cahier de mon fils, je n’ai pas voulu remettre en cause l’autorité de l’enseignante. J’ai simplement complété ce qui manquait pour le bien-être de mon enfant.

Le rôle des parents : un complément indispensable

Être parent, c’est soutenir son enfant, l’encourager et l’accompagner dans ses réussites comme dans ses échecs. Ce rôle ne s’arrête pas à la porte de l’école. Les enseignants et les parents devraient collaborer, plutôt que de s’opposer, pour offrir un cadre complet et bienveillant aux enfants.

Une leçon à retenir

Aujourd’hui encore, cette expérience reste gravée dans ma mémoire. Elle m’a appris une chose essentielle : il ne faut jamais avoir peur de défendre son enfant, même face à un système qui semble inflexible.

Et si nous repensions l’enseignement comme un partenariat, où chaque acteur – enseignants, parents, et même enfants – aurait sa place pour construire ensemble des générations épanouies, confiantes et motivées ?

Il est temps de poser cette question et d’agir. Parce que valoriser nos enfants, c’est leur donner les moyens de grandir en confiance et d’oser rêver.

Analyse : la verbalisation au cœur de la situation

Cet épisode met en lumière trois formes de verbalisation, ou leur absence, et leur impact sur la perception des événements :

1. Ma verbalisation sur le cahier de mon fils
Constatant que l’institutrice se contentait de « TB » impersonnels et qu’elle avait ajouté une remarque rabaissante sur un simple surlignage, j’ai choisi d’écrire des encouragements clairs et précis dans le cahier de mon fils. Ce n’était ni une provocation, ni une opposition à l’enseignante, mais un acte naturel et juste, ancré dans une intention simple : le bien-être et l’équilibre de mon fils.

Je n’ai pas cherché à entrer dans un rapport de force. J’ai simplement rétabli une forme de cohérence en verbalisant ce qui me semblait essentiel : l’importance de reconnaître et de valoriser les efforts d’un enfant.

2. La verbalisation du recteur et la mienne
Lorsque l’institutrice a mal pris mes annotations et a choisi d’en faire un sujet auprès du recteur, celui-ci a pris son parti sans questionner les faits. Il n’a pas cherché à comprendre la démarche derrière mes écrits, préférant préserver une forme d’autorité institutionnelle.

Pourtant, je ne me suis pas opposé à lui, tout comme je ne me suis pas opposé à l’institutrice. Je suis resté aligné avec ma vérité et mes intentions positives. Ma verbalisation n’était pas une réaction de défiance, mais un acte de justesse : nommer les faits tels qu’ils étaient, sans exagération ni minimisation.

Et c’est là un point essentiel : le problème qui a surgi ne m’appartenait pas. Il révélait une rigidité du cadre scolaire face à toute initiative qui ne vient pas de lui-même. En restant clair sur mes intentions et mes valeurs, je n’ai pas eu besoin de me justifier ou de me défendre.

3. L'absence de verbalisation de l'institutrice
Le point central de cette situation est le silence de l’institutrice. Elle aurait pu expliquer son choix pédagogique, ouvrir un dialogue ou simplement préciser ses attentes. Mais au lieu de verbaliser, elle a choisi le repli et la posture défensive.

Ce refus d’échanger a amplifié l’incompréhension et mis en lumière un phénomène plus large : quand la parole manque, le sens se perd. L’absence de verbalisation, loin de calmer la situation, l’a figée dans une opposition artificielle où toute initiative extérieure est perçue comme une intrusion.

Conclusion

Cet épisode illustre ce qu’est une verbalisation juste et assumée. Il ne s’agit pas simplement d’utiliser des mots, mais de choisir ceux qui reflètent la réalité avec clarté et sincérité. Ici, le recteur et l’institutrice ont évité cette exigence : l’un en protégeant un cadre plutôt que la justesse, l’autre en refusant l’échange.

À l’inverse, je n’ai pas cherché à convaincre ni à me battre. J’ai simplement agi avec lucidité, cohérence et courage, en restant fidèle à mon intention première : le bien-être et l’équilibre de mon fils.

Verbaliser avec justesse, c’est aussi savoir que certaines réactions ne nous appartiennent pas. Lorsqu’on est bien connecté à sa vérité et à son intention, on n’a pas à se justifier : ce sont les autres qui révèlent, par leur réaction, leurs propres blocages.
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