Réseauter, fumer, boire et conduire : ils nous choisissent

Réseauter, fumer, boire et conduire : ils nous choisissent
Crédits image : drobotdean
« Fumer tue. »
« L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. »
« Rouler vite tue. »
« Soyez responsables de votre usage des réseaux sociaux. »

À chaque fois, la même injonction, la même culpabilisation : c’est au consommateur d’être responsable. Le message est simple et martelé : si vous fumez, buvez, roulez trop vite ou passez trop de temps sur les réseaux sociaux, c’est de votre faute.

À croire que ces comportements naissent d’eux-mêmes, sans qu’aucune industrie ne les encourage, ne les façonne, ne les rende quasi inévitables.

On nous parle de choix.
Mais qui choisit vraiment ?

Fumer : coupable désigné, coupables oubliés
Prenez un paquet de cigarettes. La phrase « Fumer tue » y est inscrite en gros, en gras, en noir. Comme si le problème se résumait au fumeur, comme s’il était le seul acteur de son propre empoisonnement. Comme si derrière lui, il n’y avait pas une industrie multimilliardaire qui conçoit ses produits pour être les plus addictifs possibles.

Où sont-ils, dans cette phrase, ces fabricants qui mélangent leurs feuilles de tabac avec des agents de saveur, des accélérateurs de dépendance, des stratégies marketing invisibles mais terriblement efficaces ? Où sont les États qui encaissent chaque année des milliards d’euros de taxes sur la vente de cigarettes, tout en feignant de combattre le tabagisme ? Où sont les buralistes qui font leur chiffre d’affaires grâce à cette industrie ?

« Fumer tue », c’est vrai.
Et « Fumer fait vivre », aussi.

Boire et conduire : le double jeu
Regardez une publicité pour de l’alcool. Des amis heureux, une ambiance festive, une liberté exaltée. Le message est clair : boire, c’est le plaisir, la convivialité, la séduction. On vous vend une image avant de vous vendre un produit.

Puis, une seconde plus tard, une petite, vraiment toute petite phrase apparaît : « L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération. » Comme si tout reposait sur l’individu, comme si le système n’était pas conçu pour maximiser la consommation.

Même paradoxe avec la conduite
Les voitures sont de plus en plus puissantes, agressives, rapides. Les publicités vantent leur capacité d’accélération, le plaisir de conduire sur des routes désertes où personne ne semble jamais croiser un radar, ni une voiture, ni même quelqu'un sur le bas-côté. Et derrière, les mêmes industriels sponsorisent des campagnes de prévention routière en pointant du doigt les conducteurs irresponsables.

Tout est pensé pour qu’on consomme, mais toute la responsabilité repose sur nous.

Réseaux sociaux : les architectes de l’addiction
Et puis, il y a eux. Ces réseaux sociaux qui occupent nos vies, captent notre attention, modifient nos comportements. Ceux qui ont transformé le moindre moment d’attente en une pulsion de consultation.

Ici encore, l’illusion du choix est totale : « À vous d’utiliser les réseaux avec modération », « Ne passez pas trop de temps sur votre téléphone ». Et pourtant, tout est conçu pour que nous le fassions.

Les algorithmes ne sont pas neutres. Ils sélectionnent ce qui capte notre attention, et la colère, l’indignation, la provocation sont les meilleurs carburants pour cela. Plus un propos est toxique, plus la plateforme gagne de l’argent.

Alors bien sûr, on nous parlera de « modération ». Un mot creux, vidé de son sens, car chaque commentaire haineux, chaque clash, chaque scandale rapporte des vues, de l’engagement, et donc du profit. Financièrement, ces plateformes n’ont aucun intérêt à calmer le jeu, bien au contraire.

Mark Zuckerberg, naguère champion du politiquement correct, a récemment retourné sa veste pour se rapprocher de Trump. Parce qu’il sait où se trouve son intérêt. Parce qu’il sait que le chaos est bon pour le business : Drôle d’idée de la liberté !

Qui nous choisit vraiment ?

On nous répète que nous sommes responsables, que nous sommes libres. Mais comment parler de liberté quand tout est pensé pour nous enfermer dans des comportements précis ?

Sommes-nous vraiment ceux qui choisissent, ou sommes-nous ceux que l’on choisit ? Il est temps d’arrêter de toujours pointer uniquement le consommateur. Il est temps de muter la focalisation sur ceux qui programment nos comportements. Ceux qui conçoivent ces systèmes, ceux qui en tirent profit, ceux qui font de l’addiction une industrie et du contrôle une marchandise.

La liberté ne commence pas quand on nous dit « C’est à vous de faire attention ».

Elle commence quand on décide d’interroger ceux qui nous dictent ces règles.
Et maintenant ?

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